L’érosion du désir est l’une des raisons qui poussent les couples à consulter les psychothérapeutes de couple. En effet, dans notre société où le sexe est omniprésent, il est une question que nous pouvons nous poser : vivre sans sexe est-ce possible ?

Pas de norme en termes de vie sexuelle et intime

L’une des premières questions que l’on entend en tant que psychothérapeutes de couple est : est-ce normal ou pas, de faire ou de ne pas faire l’amour ? La question reste entière qu’est-ce que faire l’amour ?

Il n’existe pas de norme à laquelle se référer pour évaluer sa vie sexuelle et intime. L’épanouissement sexuel d’un couple ne se mesure pas, ne se quantifie pas. De plus, le rapport sexuel ne se limite pas à la pénétration. Les caresses peuvent suffire. Le toucher est un langage et un partage que les abstinents sexuels pratiquent avec volupté. Il n’y a pas donc pas de normalité en matière sexuel. A chacun son appétit sexuel. La sexualité ne réside pas uniquement dans l’orgasme. Elle peut-être dans le regard, dans le toucher… L’important est que les deux partenaires se sentent dans une bonne communication.

L’abstinence, est-ce normal ?

La sexualité est un besoin psychologique et non physiologique. Les abstinents ne sont donc pas des « anormaux ».  Leurs préoccupations sont simplement ailleurs. Parfois, ils s’investissent dans leur travail et désinvestissent la sexualité, parfois consciemment mais aussi parfois inconsciemment. Certains couples vivent de manière fraternelle, leur priorité n’est pas la libido mais le relationnel. La famille compte donc plus que le couple. Ils ne sont pas forcément âgés ou ensemble depuis longtemps et ne sont pas non plus en perte de vitesse… Vivre sans sexe oui ! mais pas sans amour !

L’environnement peut aussi avoir des effets sur la sexualité. Chaque couple a son rythme et ses besoins. Ainsi lorsque la femme est enceinte ou lors de l’arrivée de bébé, certains couples peuvent stopper leur sexualité. Parfois, il est même difficile de voir revenir la sexualité après la naissance d’un enfant.

L’importance de la communication

On peut bien s’entendre sans avoir une vie sexuelle explosive. Cependant, le danger de cette situation si le couple ne communique pas sur la sexualité est la rencontre en dehors du couple. Cela peut être un arrangement, la rencontre en dehors du couple va réveiller la libido chez l’un ou l’autre des partenaires.

Il est important de ne pas se sentir léser par manque de sexualité. En effet, cela peut aussi provoquer un dégoût de soi, de la déprime voir de la dépression. Il faut être attentif à ces signaux. Les problèmes peuvent aussi arriver dans la sexualité lorsque des divergences deviennent inconciliables. C’est à ce moment-là qu’il est important de consulter, afin de ne pas laisser le désaccord empoisonner le couple.

Communiquer sur la sexualité pour ne pas créer d’incompréhension ou de frustrations est essentiel. Ainsi certains couples ne parlent pas de sexualité et vont se quereller sans cesse pour des banalités. D’autres sentent petit à petit que la libido baisse mais font silence sur le sujet. On procrastine sur la sexualité on la remet à demain et du coup on ne fait plus l’amour, parfois on le regrette mais c’est comme ça.

Lorsqu’on ne se sent pas à l’aise dans sa sexualité ou dans sa non sexualité, il semble important de pouvoir en parler avec un professionnel pour poursuivre son chemin avec ou sans sexualité, en étant libre tout simplement sans répondre au dictat de la société mais en répondant à notre désir.

La sexualité n’est pas le seul ciment de l’amour

Anatole 38 ans et Anne Sophie 31 ans se sont connus sur les bancs de la faculté. Une grande attirance les a rapprochés. Ils se sont beaucoup entraidés pendant les études. Ils se sont vite mis en ménage ensemble. Le sexe n’a jamais été leur priorité contrairement à leur vie professionnelle et leur activités sportives. Ils pratiquent tous les deux des sports de combat.

Ils se disent abstinents parce que pour eux la sexualité n’est pas le ciment de leur couple.  Ce qui compte avant tout pour eux c’est la confiance, la transparence, la sensualité… Ils se disent tous les deux très matérialistes. Ainsi leur couple s’est construit sur des besoins de construction autour des études, de la vie professionnelle et des loisirs. Une maison, une voiture, un enfant c’était leur rêve, ils l’ont réalisé…

Depuis l’arrivée de leur fille Léa 2ans, ils ont eu encore moins besoin de sexualité, la famille qu’ils ont construite contribue à leur épanouissement. Ils prennent le temps une fois par semaine de faire des choses en amoureux, c’est une parenthèse qui fait du bien au couple. Ils savent que l’amour est une denrée périssable, ils disent l’entretenir à travers une bonne communication et une complicité.

Pour eux l’amour est avant tout un échange, être attentif à l’autre, être sincère et authentique. L’un comme l’autre dit se satisfaire dans leur intimité de caresses de tendresses, les petits appels téléphoniques dans la journée, les sms avec des mots doux sont un rappel de leur désir et de l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre.

S’il est donc possible de vivre sans sexe, l’un des risques de l’abstinence totale est de couper son corps de sa tête. Verbaliser votre désir au sein du couple et de communiquer est important. La sincérité et la confiance restent la clef de voute d’un couple aimant avec ou sans sexualité.

Pascal Anger, psychothérapeute, médiateur familial et sexothérapeute

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