Éviter le burn-out

Le concept d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle ne fonctionne pas parce qu’il y a toujours plus de travail à faire, parce que nous avons envie de le faire et parce que nous ne saurions nous en passer. Dans certains cas, notamment en début de carrière, cette tendance peut être exploitée par une culture dysfonctionnelle ou un manager indélicat et, dans ces moments, nous devons nous protéger pour éviter le « burn-out ». Mais à mesure que nous avançons dans notre carrière, nous sommes moins soumis à ces forces externes et nous devons nous protéger en premier lieu de notre propre disque dur interne.

Poser des limites

Voici une manière de penser à se protéger soi-même. Il y a des années, mon collègue Michael Gilbert suggéra de remplacer le mot « équilibre » par « limites » : si l’équilibre suppose une instabilité entre les diverses exigences en termes de temps et d’énergie, les limites offrent un moyen durable de maintenir les choses à leur place. Gilbert s’est basé sur sa formation de biologiste pour formuler une définition de limites saines : « De même que les membranes fonctionnelles (qui laissent passer les bonnes choses et laissent les mauvaises à l’extérieur) facilitent l’interaction saine des cellules de notre organisme, les limites personnelles fonctionnelles facilitent l’interaction saine des diverses parties de notre vie. Les mauvaises limites aboutissent au trop-plein ou au retrait. Les bonnes limites aboutissent à la plénitude et aux synergies.

De quels types de limites avons-nous besoin ?

  • Les limites temporelles

Elles désignent certaines périodes exclusivement consacrées à la famille, aux amis, à l’activité physique et autres passe-temps non professionnels. Notez que je ne parle pas d’équilibre mais de limites. La durée des périodes ininterrompues que nous réservons à certaines activités varie et peut être relativement courte, mais ce qui importe, c’est de créer et de maintenir une limite fonctionnelle autour de ces périodes.

  • Les limites physiques 

Elles nous permettent de quitter notre bureau ou lieu de travail à intervalles réguliers et d’instaurer une distance réelle entre nous et notre métier (ce qui inclut non seulement le bureau mais également nos outils et accessoires de travail : ordinateurs portables, tablettes, téléphones, dossiers, tout). Une fois encore, la question n’est pas d’équilibrer les deux mondes mais d’établir des limites pour instaurer la séparation nécessaire.

  • Les limites cognitives

Elles nous aident à résister à la tentation de penser au travail et à nous concentrer sur d’autres personnes ou activités. En aucun cas il ne s’agit d’une tâche facile, compte tenu notamment du fait que nombre de choses dans notre environnement de travail sont conçues pour capter notre attention (alertes e-mail, rappels, nombreux avertissements et icônes clignotants). Repérer les moments où notre attention est prise en otage par le travail et la porter ailleurs exige un effort permanent et concentré, mais qui produit d’importants bénéfices, en partie parce qu’une attention ciblée est l’une de nos plus grandes ressources (et l’une des raisons pour laquelle je recommande souvent la méditation pour améliorer notre capacité de choisir où porter notre attention.)

Ce changement subtil (éviter l’équilibre et instaurer des limites) n’est pas facile, mais il vaut la peine de le tenter pour nous protéger contre nous-mêmes.

Extrait de chronique de Ed Batista ( Harvard Business review)

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