Quand on parle de fantasme, on pense forcément sexualité, mais il existe mille et une formes de fantasmes. Pourtant que nous soyons célibataires ou en couple, nous fantasmons. En effet, les fantasmes créent une autre forme de sexualité lorsqu’il y a absence ou lorsqu’on souhaite pimenter son quotidien. Rappelons-nous notre adolescence et les émotions fortes que nous avons vécues en regardant tel film, ou simplement en frôlant le bras d’une ou d’un inconnu. Celui-ci n’en saura rien et pourtant que d’émois… Nous avons tous des représentations mentales. Certaines personnes fantasment plus que d’autres. Rien de normal ou d’anormal en matière de fantasme. C’est ce que nous en faisons qui compte. Cela n’a rien de scandaleux ou de répréhensible, ce serait même constructif et créatif…

Qu’est ce qu’un fantasme ?

Les fantasmes ne sont pas forcément des pensées sexuelles. Le fantasme est un moteur de notre imaginaire libidinal. C’est une rencontre avec nos envies et nos besoins intérieurs. C’est un double mouvement : cela existe et en même temps cela n’existe pas puisque c’est une représentation. Ils peuvent aussi être plus élaborés et en lien avec une activité sexuelle imaginaire ou des scénarios que l’on s’invente. Le fantasme est une forme d’auto-érotisation mentale. Les plus créatifs peuvent laisser libre cours à leur inventivité pour faire de leur sexualité un renouvellement permanent. Si les idées ne manquent pas pour pimenter la sexualité du couple, certains fantasmes peuvent sembler inavouables alors même que cela peut-être une manière de resserrer les liens, dans la confiance et le respect. Les fantasmes sont comme les rêves. Ils sont l’expression de nos désirs les plus secrets. Ils peuvent parfois nous inquiéter ou nous troubler par leur étrangeté mais ils nourrissent notre libido et participent au maintien de notre bonne énergie psychique. Le fantasme sexuel est d’autant plus fort qu’il transgresse un interdit, un tabou… 

Fantasmer à deux ou pas ?

Certaines personnes fantasment plus que d’autres. Le fantasme peut améliorer l’entente mutuelle dans le couple, alors pourquoi s’en priver ? Il est possible de fantasmer à deux, lors de relations sexuelles. Le fantasme peut être un partage pour certains couples mais pas pour d’autres. A chaque couple sa façon de gérer ses fantasmes. Le fantasme et le rire renforcent les liens et instaurent une bonne ambiance. L’important est de faire et de dire ce que l’on souhaite sans choquer l’autre. On partage son imaginaire, on fait passer des messages à notre partenaire par ce biais. Cela peut pimenter notre sexualité. Pour cela le couple doit être en sécurité et ne pas vivre le fantasme comme une menace. Si c’est  le cas, mieux vaut ne pas fantasmer ensemble à haute voix. 

Les fantasmes, une solution anti-routine ?

Au fil du temps la routine peut s’installer dans le couple. Comment en sortir ? Le fantasme est une manière de réanimer le quotidien et de se renouveler. En effet, comme l’imaginaire, le fantasme est sans limite. C’est pourquoi, on ne peut pas contrôler ce qui nous excite ni supprimer les fantasmes de notre vie de couple. Il existe des aspects de la sexualité dont on préfère ne pas parler. Il est des idées reçues sur la sexualité de la femme comme de l’homme qui ne permettent pas toujours de pouvoir bien communiquer sur nos désirs, sur nos besoins, sur nos pratiques sexuelles et qui vont rester au stade du fantasme. 

 Le fantasme est-il tabou ?

La peur d’exhiber notre imaginaire, de blesser l’autre, de nos propres jugements moraux sur des pratiques sexuelles font que le fantasme reste un grand tabou. Fantasmer sur une autre personne même si on est en couple n’a rien d’inquiétant sauf si on se « complait » dans ce fantasme, ce qui pourrait nuire à notre relation sexuelle avec notre partenaire. On peut fantasmer de faire l’amour à plusieurs sans pour autant passer à l’acte ! S’interroger sur son désir, c’est laisser aller son imagination, affronter ses frustrations, sonder ses émotions. C’est partir à la découverte de son corps, chercher à progresser dans sa sexualité. Si l’on ressent des blocages ou des interdits dans sa sexualité, il est important de s’autoriser à en parler et même à consulter. Alors démystifions les fantasmes. Ils ne doivent pas nous perturber et ne sont pas là pour être réalisés. C’est la grande différence.

Pascal Anger, psychothérapeute, médiateur familial et sexothérapeute

 

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